Nous avons foi en ce que nous faisons.

C’est parce que nous sommes deux que nous formons à la fois une mini-communauté et une figure bicéphale à quatre mains. À deux, nous sommes ermites dans notre manière d’aborder le monde et l’art.

À la secte, nous empruntons la fascination pour le symbole, l’amour de la polémique, le repli sur soi, une solidarité à toute épreuve, un désir de diffusion qui ressemble à de l’endoctrinement, une croyance aveugle pour la logique interne que nous créons à partir de la vision que nous avons du monde.

À la nature et à ses arbres, nous prenons avec un respect le plus total et un culte immodéré le bois pour y imprimer des images.

Quelles sont-elles ? Comment se répandent-elles et avec quelle aisance dans le monde ? L’Humain a t il encore besoin des images pour s’instruire, méditer et croire ? C’est ce que nous tentons de construire. Car l’image — photographique, imprimée — est une architecture que nous voulons ériger en monument. Les images que nous façonnons sont le fruit d’un processus de création analogique, parfois d’appropriation, souvent de dégradation et de perte, d’agrandissement et d’amplification. L’épuisement des formes —  afin d’obtenir une image difficilement lisible, presque pauvre comme l’entend Hito Steyerl — est un combat contre l'hégémonie capitaliste de la Haute Définition, Saint Graal de notre société consumériste et aseptisée.

Ainsi, loin de l’avalanche de données du réseau virtuel, nous travaillons la photographie au corps patiemment. Matière première, l’image est un matériau, fruit d’un long processus, presque de digestion, de cuisson.